Adapté d’une comédie musicale de Broadway créée en 1957, West Side Story représente probablement l’un des films musicaux les plus emblématiques du cinéma américain.
Couvert de prix et plébiscité par le public, il est devenu un classique du genre, d’ailleurs récemment réadapté par Steven Spielberg en 2021.
Librement inspiré de la pièce Roméo et Juliette de William Shakespeare, il raconte comment la rencontre de Tony et Maria exacerbe la rivalité entre deux clans new-yorkais dans les années 1950, les Jets (des Américains d’ascendance européenne) et les Sharks (des immigrés portoricains).
Au-delà du thème de l’histoire d’amour contrariée par des conflits claniques, West Side Story met en évidence les limites du rêve américain, lequel se fonde sur plusieurs mythes unificateurs (la Terre d’abondance, le melting-pot, le self-made man, la société sans classe, le common man, etc.).
Censé s’adresser à tous en vertu de l’idée de perfectibilité des individus et des systèmes, le rêve américain, en réalité, déçoit, exclut et même parfois vire au cauchemar pour ceux qui n’appartiennent pas à l’hégémonie blanche.
À une échelle micro-sociale, donc, les Jets et les Sharks ne font que rejouer ces tensions raciales et ethniques, alors même qu’ils sont unis économiquement dans une situation subalterne.
Mireille Berton (CEC, UNIL)