Pour apaiser l’ambiance dans un camp de prisonniers secoué par des conflits entre communistes et « anti-communistes », le commandant américain qui représente le Commandement des Nations Unies en Corée et qui a la charge du vaste camp de prisonniers (chinois et nord-coréens) installé sur l’île méridionale de Goeje mandate un officier afro-américain de Broadway doué pour les claquettes pour monter une équipe de danse.
Ce pitch seul annonce un jeu de contraste entre le contexte politique explosif (relaté dans un prologue documentaire), la violence physique résultant de querelles entre prisonniers antagonistes, la performance chorégraphiée des danseurs-percussionnistes – dont le rebelle charismatique qui se prend de passion pour la discipline, interprété par Doh Kyung-soo, célèbre chanteur du boys band sud-coréo-chinois EXO – et le comique de situation (voire le burlesque), avec de brusques glissements l’un à l’autre.
L’aspect le plus réussi de ce film à la facture soignée est le travail sur le rythme insufflé par les claquettes, que les personnages entendent intérieurement et au diapason duquel se joignent parfois des bruits scandés du quotidien.
Par-delà les barrières linguistiques et culturelles et les clivages politiques, la cadence de la musique se veut fédératrice.
Alain Boillat (CEC, Unil)