vo s-t. fr. / 12 (12)
Présenté par Valentine Robert du CEC de l'UNIL
Ce film, visuellement stupéfiant, est la compilation de huit courts métrages, introduits à chaque fois par l’intertitre 'Un de mes rêves...' et inspirés par les rêves authentiques du réalisateur – même si Akira Kurosawa a toujours voilé d’ambiguïté la part autobiographique de ses œuvres, considérant que le pouvoir essentiel de la mémoire était de 'donner son envol à l’imagination'. Chaque petit film met en jeu la frontière entre rêve et réalité : le personnage principal (joué adulte par le même acteur) accède à la vision fantastique d’esprits, de démons, d’explosions, de processions. Le spectateur vit un même enchantement, chacune de ces représentations faisant l’objet d’effets visuels exceptionnels. Les jeux de lumière et de couleurs sont annoncés dans les titres mêmes de certains rêves, tel Le soleil sous la pluie ou Le Mont Fuji en rouge, et cristallisés dans des images d’arc-en-ciel, de verger en fleurs, de ballet costumé, ou de radioactivité coloriée. L’épisode le plus éblouissant reste celui où le protagoniste pénètre dans les tableaux de Van Gogh et parcourt ces paysages tour à tour naturalisés ou conservés dans leur texture picturale, en des images hybrides restées célèbres dans l’histoire du film sur l’art. Et lorsque Van Gogh, incarné par Martin Scorsese, y confesse qu’une part de sa création, nourrie par 'les beautés de la nature', se déroule 'comme dans un rêve', il semble que ce soit Kurosawa qui nous livre l’une des clés de son cinéma. (V.R.)